FUR

> BOND, nouvel album - BMC Records & Tricollectif

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Line Up :

  • Clarinettes : Hélène DURET
  • Guitare : Benjamin SAUZEREAU
  • Batterie : Maxime ROUAYROUX

«Le trio signe avec cet album un jeu de rupture permanent qui rend la musique insaisissable dans sa forme. C’est Jazz. Mais ça sent la Pop aussi, par l’abondance de mélodies simples qui donnent le ton à l’harmonie. Vous en voulez encore? Vous allez vous régaler avec ses fusions improbables de style et de genre. Tout au long, langage écrit et langage improvisé s’allient ou se font des croches-pattes. Cette construction par la rupture est amenée de mille manières. Dans Entrer sortir, la guitare balance de gros accords, citant avec humour un blues de cow boy. Pardessus, la clarinette succombe d’un style à l’autre. Ses volutes tonales se résolvent sur un jeu suraigu qui provoque, en un effet synesthésique et khgkylkmlkljhgtrjhjhjhg. L’instrument se transforme en un animal gémissant dans les esprits des uns, en une porte battante de saloon fraîchement poussée dans les esprits des autres. Par la suite, on entend un thème naïf qui fait écho au blues le plus classique du monde. Ce thème se développe en une mélodie surprenante, maîtrisée par la délicatesse d’une écriture issue du langage de la musique classique, pour se retrouver de nouveau dans le Far West, quelques bonds plus loin.

On ne citera pas le nombre de retournements de situations dont est victime Barely Spreng. Formellement, le trio démarre dans un groove chaloupé et atterrit dans une ballade Jazz qui subit à son tour des perturbations ultra- frénétiques.

Dans cet album, les 3 musiciens hypnotiseurs se passent souvent des motifs répétitifs obsessionnels qu’ils court-circuitent en permanence. Cet effet de cut-up, que l’on retrouve sur beaucoup de morceaux, rendent la musique psychédélique. Les lois qui régissent les enchaînements musicaux appartiennent plus au monde du rêve qu’à une logique rationnelle. Ça fait des bonds, ça saute, les fils du son sont rompus ou déviés de leurs intentions premières. Rien n’est consommé jusqu’au bout, on ne peut plus tenir en place longtemps. Mais c’est la ligne mélodique, marquée au fer de la pop, que chérit avant tout ce trio.

La Noise vient parfois rompre la ligne pour nous plonger dans le timbre. L’émotion glisse le long de la sensation. L’abstrait s’immisce à l’intérieur de riffs mélodiques. Des dialogues en contrepoint, des collages d’énergies opposées qui glissent dans des moments suspendus par des arpèges effleurés par les doigts rapides du guitariste, tandis que la clarinette pleure et laisse entendre le bruit humide de ses muqueuses. La batterie, elle, fait chavirer le groove jusqu’à brouiller et anéantir les repères de pulsations. L’espace règne et laisse entrevoir une nuit sombre et soyeuse.

Le batteur, ce chevalier des espaces abstraits du chaos, avance avec sa cavalerie d’objets, désarmant les éléments classiques d’une batterie pour en faire un territoire innommable. Très souvent, il fait osciller dangereusement les frontières du Free et du Groove. La forêt pousse, sauvage, démunie. Les animaux laissent entrevoir les lambeaux de chairs de leurs repas. Parfois, c’est du cinéma que FUR donne à entendre.

Dans Minuscule, la musique démarre sous tension, nous plonge dans un thriller. Arrive un motif mélodique entêtant qui tourne sur lui-même, tel un fauve en cage, d’abord joué à la clarinette puis à la guitare. Ce motif passe subrepticement du rôle de discours au rôle d’accompagnement. Pardessus, des irruptions étranges d’effets à la guitare jaillissent aléatoirement comme d’une vieille radio poussiéreuse qui capte mal. Nous sommes dans les soubresauts de la mémoire du fauve. Jusqu’à ce que le morceau se coupe net, nous laissant sur notre faim.

Le fauve va-t-il détruire sa minuscule petite cage ?
Dans l’album précédent, Boîte Noire, c’était une fourrure intime, sexuelle, que nous nous adonnions à caresser des oreilles. Dans cet album, bienvenue dans la fourrure des fauves, ceux qui surgissent et disparaissent et s’agitent et se reposent. Laissez-vous perdre … Fur n’est jamais là où on l’attend »

Jeanne Susin

  • Le Tricollectif est un ensemble aidé par le Ministère de la culture/Direction régionale des affaires culturelles du Centre-Val de Loire et la Région Centre Val de Loire, au titre de l’aide aux ensembles conventionnés. Le Tricollectif est soutenu par la Ville d’Orléans pour ses projets artistiques.

Discographie