La découverte de la Messe de Notre Dame de Guillaume de Machaut, composée il y a plus de six siècles et demi, fait à Quentin Biardeau l’effet d’un électrochoc. Le musicien commence à transcrire pour quatuor de saxophones ce qui est, historiquement, la première messe entièrement attribuable à un seul compositeur. Petit à petit, le projet évolue et la riche polyphonie de Machaut se fond finalement dans un tissu musical qui intègre également un travail de composition et d’improvisation. L’appropriation de l’œuvre met ainsi en résonance musique ancienne, musique contemporaine et musique improvisée dans une démarche envisagée comme expérience sonore et spatiale, en écho aux cathédrales où s’élevaient les mélodies de l’Ars nova au XIVe siècle.

Pour opérer cette fusion bien particulière entre les styles, entre les époques et entre les instruments, Quentin Biardeau s’entoure en 2011 de Simon Couratier, Francis Lecointe et Gabriel Lemaire. Le travail d’interprétation, d’improvisation, de composition et d’arrangement patiemment poursuivi par les quatre musiciens les mène en 2015 à l’Abbaye de Noirlac pour enregistrer leur premier album, produit par Ayler Records. Le Quatuor Machaut est lauréat JazzMigration#2 2017.

La transmutation des quatre voix de l’ancienne Messe de Notre Dame en quatre saxophones d’aujourd’hui s’est accompagnée d’un travail poussé sur le timbre, le son et la spatialisation. Le lieu du concert est partie prenante du discours musical du Quatuor Machaut, qui immerge l’auditeur dans un bain sonore toujours différent, selon qu’il se trouve dans une église, un temple, un phare, un silo à grains, une usine désaffectée ou non, un parking couvert, une grotte ou une piscine.